Fictions et lectures empathiques dans l’oeuvre fantomatique de Sophie Calle
Résumé
Souvent discréditée dans son lien au pathos, au sensible et à l’affect, l’empathie est une notion qui parcourt pourtant l’oeuvre de chercheurs éminents en histoire de l’art. C’est le cas du travail d’Aby Warburg, depuis sa thèse sur Botticelli et la mythologie jusqu’à l’entreprise du Bilderatlas Mnemosyne. La remarque préliminaire des Essais florentins est un « programme théorique » au long cours dont le troisième paragraphe mentionne la nécessaire « aptitude empathique » de l’historien et de l’amateur d’art. Depuis l’oeuvre de Sophie Calle – à la fois plasticienne et littéraire – cette contribution réfléchit à la manière dont les dispositifs plastiques qui mettent en jeu des fantômes fictionnent une lecture empathique. Nous montrerons comment Sophie Calle crée des situations fictionnelles génératrices d’empathie ou reposant sur l’empathie, qui réhabilitent un paradigme de lecture mantique (divinatoire) des oeuvres. L’expérience de l’absence et la lecture des traces deviennent des présages, réactivant des théories de lecture indiciaires où l’empathie devient le moteur du sens.
Mots-clés : empathie, fantôme, Sophie Calle, fiction, mantique, lecture