Empathie narrative et les oubliés de la société: Illégitimes (2021) de Nesrine Slaoui, Ajar-Paris (2022) de Fanta Dramé et Streulicht (2020) de Deniz Ohde
Résumé
Le chapitre analyse trois romans récents de jeunes autrices postmigrantes – Illégitimes de Nesrine Slaoui, Ajar-Paris de Fanta Dramé et Streulicht [Lumière diffusée] de Deniz Ohde – qui illustrent comment la transmission d’un faible capital économique, social et culturel fait des enfants des parents issus de l’immigration des victimes préprogrammées du désavantage social. Leur altérité sociale et ethnique remplit les narratrices-protagonistes d’une certaine honte. À la différence d’Ernaux ou de Louis, cela ne se traduit pourtant pas par une apathie fondamentale à l’égard de leurs propres origines. Au contraire, les relations aussi tendues qu’ambiguës, mais généralement problématiques, que les adolescentes entretiennent avec leurs parents révèlent une profonde empathie qui est articulée par différentes stratégies narratives qui permettent la prise en compte de la perspective et influencent ainsi le jugement des lecteurs et lectrices de telle sorte que les représentant.e.s des couches sociales défavorisées bénéficient d’une compréhension plutôt empathique.
Mots-clés : Nesrine Slaoui, Fanta Dramé, Deniz Ohde, autosociobiographie, empathie, focalisation interne, honte, postmigration