Récit d’empathie et (re)construction identitaire dans La Théo des fleuves de Jean Marc Turine
Résumé
Récit de l’exil et de la quête identitaire, Bildungsroman au féminin, La Théo des fleuves de Jean Marc Turine suit le destin d’une femme rom qui surmonte les atrocités du XXe siècle – la discrimination raciale, l’Holocauste des Roms, l’instauration du communisme – et une suite d’épreuves personnelles telles que le mariage forcé, le viol, la répudiation ou encore la mort de l’enfant. Revenue au sein de sa communauté rom, la vieille Théodora encourage ses membres à s’émanciper de la pauvreté et du poids des coutumes patriarcales par l’éducation. Dans ce contexte de souffrances et de quête identitaire, l’empathie joue un rôle déterminant, permettant aux personnages de mieux cerner leur place au sein d’un groupe ethnique, mais aussi de s’en démarquer comme citoyens du monde. Ainsi, notre propos sera d’explorer les formes et les moyens narratifs (types de focalisation, brouillage de voix narratives, tournures poétiques, renvois intertextuels) qui sous-tendent dans La Théo des fleuves l’écriture de l’empathie, à la fois dans le sens d’une « projection empathique » qui englobe auteur et personnages, et dans celui d’une empathie intertextuelle et intermédiale où la musique et la danse mobilisent tous les sens et rendent possible une sorte de communauté affective dans laquelle il serait possible d’inclure aussi le lecteur et son expérience émotionnelle.
Mots-clés : exil, identité, empathie, déportation, Roms