Du subversif à l’empathie grâce au fragnol de Pas pleurer (L. Salvayre) et à son « imaginaire hétérolingue »
Résumé
Le fragnol du roman Pas pleurer de Lydie Salvayre (2014) présente la particularité de faire entendre la voix et les souvenirs de la mère de la narratrice, Montse, qui a vécu, adolescente, la guerre civile espagnole et qui s’est exilée en France au début des années 1940. Dans cette étude, nous analysons « l’imaginaire hétérolingue » (Myriam Suchet) de cette langue autre, dans le contexte très normatif de la langue française, qui affirme son identité « étrangère » en même temps que sa subversivité, ce qui suscite l’empathie (solidaire) des lecteurs. En étudiant les représentations affectives de l’environnement et des relations que Montse exprime en fragnol, cette « langue mixte et transpyrénénne » (Salvayre), nous pouvons aussi établir un croquis de l’imaginaire à l’oeuvre qui est celui de l’exilée espagnole en France. Le fragnol apparaît alors comme le reflet linguistique et littéraire de la subversion des idées républicaines espagnoles, et des valeurs humaines qu’elles intègrent.
Mots-clés : francophonies, exil espagnol, libertaires, intersectionnalité, altérités