Quelle voix, quel peuple ? Empathie et aventure conceptuelle dans La Mer à l’envers de Marie Darrieussecq
Résumé
Ce chapitre considère l’empathie comme un opérateur de liaison, susceptible de redessiner la carte des disciplines, y compris littéraires, sous l’égide de la relation qu’elle favorise. Faisant appel à un processus dynamique avec un noyau hétérogène irréductible (à la fois pathos et logos), l’empathie est abordée en termes spatiaux (points de vue, milieu) et en termes sémantiques (aventure conceptuelle, care, fabulation). Cette double optique invite à agencer deux cadres de référence in fine éthiques : celui du care, autour d’une nouvelle philosophie morale avec Laugier et Diamond dans la continuité de Wittgenstein et de Nussbaum ; et celui de l’écosophie avec la géophilosophie de Deleuze et Guattari. Le chapitre s’interroge ensuite sur une pratique artistique, celle de Marie Darrieussecq dans La Mer à l’envers (2019), qui traite d’un sujet particulièrement sensible : la migration. L’objectif est ici de déterminer les stratégies empathiques et les aventures conceptuelles proposées pour faire face au « non-sens ».
Mots-clés : tournant relationnel, empathie, éthique du care, écosophie, géophilosophie, Deleuze, Guattari, Laugier, migration, Darieussecq